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Expositions



16 décembre 2023 - 28 janvier 2024
🏡 Watowa Gallery
🏡 Watowa Gallery
Les Célibataires, quatre-vingt et 100 ans plus tard
Ce projet constitue à la fois un hommage familial et une expérimentation contemporaine. Il prend pour point de départ l’œuvre réalisée en 1943 par mon grand-père, le peintre surréaliste Roberto Matta, intitulée Elle a été dépouillée de sa mariée, même par ses célibataires – une réinterprétation libre et cosmique du célèbre Grand Verre de Marcel Duchamp. Chez Matta, cette reprise convoquait déjà des paysages interstellaires, des machines noires et des métaphores alchimiques, où se superposaient forces cosmiques, distillations et métamorphoses.
En réactivant ce motif quatre-vingts puis cent ans plus tard, je choisis de me situer dans la continuité des processus inachevés de Duchamp et de Matta : une création sans terme définitif, toujours en suspens, toujours réinterprétée. Ce projet propose d’étendre la logique du Grand Verre – sa complexité structurelle, sa temporalité ouverte – à notre époque marquée par des bouleversements écologiques et technologiques. Ainsi, les opérations alchimiques (combustion, sublimation, distillation, fusion, précipitation) deviennent des métaphores pour penser les transformations planétaires actuelles : réchauffement climatique, fonte des glaces, séismes, mutations atomiques.
Le projet cherche à mettre en tension des couples d’opposés : micro / macro, terre / cosmos, opaque / transparent, mécanique / organique, art / société. Cette dialectique n’est pas résolue mais maintenue dans une expérimentation plastique où chaque contraste engendre des formes nouvelles.
Pour ce faire, j’ai recours à la peinture numérique et à l’art génératif par intelligence artificielle, que j’aborde comme une forme contemporaine d’écriture automatique surréaliste. Là où Matta explorait l’inconscient et Duchamp l’aléatoire des mécaniques symboliques, j’explore l’« inconscient machinique » des algorithmes, leurs dérives imprévisibles, leurs glissements poétiques. Ces outils prolongent et déplacent l’héritage surréaliste dans l’ère numérique, en permettant d’inventer des images instables, spectrales, qui échappent à toute fixation.
En poursuivant ce dialogue intergénérationnel et transhistorique, Les Célibataires, quatre-vingt et cent ans plus tard tente d’esquisser les contours d’une écologie intégrale, où nature, technique et esprit s’entrelacent. C’est une recherche sur la manière dont l’art, en convoquant l’alchimie, le surréalisme et les technologies contemporaines, peut encore donner forme à des récits capables de relier les dimensions humaines et cosmiques, individuelles et planétaires.
La peinture – dans sa première version – a obtenu le Prix Watowa, discerné par Miwa Kutsuna, en décembre 2023.