
21 - 24 avril 2023
š” Untitled Space, Kyojima, Tokyo
š” Untitled Space, Kyojima, Tokyo
Kyojima, lāĆ®le dāaujourdāhui
Kyojima, Kyo jima,
d āaujourd āhui
l āiĢle,
des murmures affables sous les genkan entrouverts,
aĢ lāombre on parlotte, la pluie, le beau temps,
les maisons qui font le grand eĢcart, qui sāallongent et sāeĢtirent, lāhymne de la shoĢtengai,
est-ce une campagne, une ville,
la Skytree qui veille les lucioles plein le ventre,
les ruelles qui serpentent et les chats de gouttieĢre,
de toits en toĢle onduleĢes,
lāincendie se propage,
arreĢteĢ par les nouvelles maisons non de paille mais de pierre,
les jeunes pousses embrasent le beĢton, le bitume, la terre, transperceĢs, et dans les pots semi-public, ça sāacoquine,
en attendant le tsunami on profite de cette iĢle,
future Atlantide,
ce que nous faisons, cāest de la proto-archeĢologie,
de la contemporalogie
Cette exposition sāancre dans notre pratique documentaire au sein de laquelle nous explorons des contextes citadins depuis 2016, nous inteĢressant particulieĢrement aĢ des villes japonaises et aux dynamiques de revitalisation qui sāy deĢploient. Depuis 2019 nous avons porteĢ notre attention sur la ville dāOnomichi (preĢfecture de Hiroshima), apreĢs une peĢriode de beĢneĢvolat aupreĢs de lāassociation Onomichi Akiya Saisei Project, en charge de la reĢnovation des maisons vacantes. En 2022, nous deĢcouvrons un lointain cousin dāOnomichi aĢ Tokyo, dans le quartier de Kyojima (Sumida-ku), ouĢ Thomas a veĢcu un an, qui partage avec Onomichi des similitudes eĢtonnantes : ce bouillonnement de forces contraires et paradoxales ā ouĢ le deĢsuet sāhybride au plus contemporain, ouĢ la pression au zonage se frotte aĢ la reĢsistance de lāinformaliteĢ, le risque de la catastrophe avec la seĢreĢniteĢ de la vie, les vestiges du temps long avec lāhorizon de la disparition.
Nous avons chercheĢ aĢ capter ces diffeĢrentes eĢnergies aĢ lāÅuvre et aĢ les donner aĢ ressentir, en produisant une sorte de documentaire. Pour une fois, le documentaire nāest pas photographique. Et lāhumain nāest plus lāeĢleĢment central. Point de figure humaine. Point meĢme dāarchitecture, aĢ proprement parler. Mais des plantes. Des agencements. Du bricolage. Des animaux. Des formes. Des textures. Lāhumain est laĢ mais au second plan. Il nāen reste que des traces. NeĢanmoins, on ne peut se deĢsanthropiser compleĢtement, notre regard reste humain, tout comme nos gestes artistiques, dans ces diffeĢrents degreĢs dāagencement, de repreĢsentations. La ballade, lāerrance, et la cueillette sont aĢ lāorigine de cet herbier de mateĢriaux. Des sensations, des photographies, des objets trouveĢs.
Une attention particulieĢre pour les espaces de lāentre-deux, aĢ la fois priveĢs et publics, les devantures des maisons. Ce sont des espaces de co-existence, de neĢgociation. On y agence des pots de fleurs hachiue, et des formes de vie plus informelles cherchent eĢgalement aĢ y faire leur nid, au creux des interstices. Des plantes, qualifieĢes dā Ā« invasives Ā», spontaneĢes et sauvages. On y bricole des mini-autels de verdure, on les arrange avec des mateĢriaux de fortune, au milieu dāobjets mis au rebut. Des agencements qui sont de veĢritables sculptures urbaines, attendant dāeĢtre regardeĢs aĢ leur juste valeur. Des sculptures trouveĢes. Cāest aussi laĢ que se posent les oiseaux, ouĢ les abeilles butinent, ouĢ traiĢnent les chats et ouĢ seĢjournent les tortues de Kyojima.
Ces espaces de creĢativiteĢ foisonnent et sont particulieĢrement vivaces dans cette localiteĢ. Ce que nous proposons est donc le fruit de notre cueillette, en partant de repreĢsentations factuelles, photographiques, tout en explorant diffeĢrents modes et degreĢs dāartialisation ā de lāinstallation, aĢ la sculpture en passant par la peinture, en inscrivant eĢgalement leur pratique en reĢsonance avec lāidentiteĢ de UNTITLED space, aĢ travers des interventions in situ. Comme autant de tentatives de toucher, de deĢgager lāessence puis de partager ces formes de beauteĢ si particulieĢres et vernaculaires de Kyojima.
Une exposition de Disconoma (Fanny Terno et Thomas Vauthier)
Conception et direction : Thomas Vauthier